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1 D’après Diogène Laërce (I, II, Eschine), « Idoménée (livre de la Prison) dit que c’est Eschine, et non pas Criton, qui conseilla à Socrate de s’enfuir
Si Platon attribue le fait à Criton, c’est qu’Eschine était plutôt l’ami d’Aristippe »
Le dire d’Idoménée ne mérite aucune créance
2 Le Sounion est un promontoire au sud-est de l’Attique
3 Ce sont les Onze, de qui cela dépend
4 Ces mots sont dits par Achille dans l’Iliade, IX, 363
5 Simmias et Cébès, de Thèbes, avaient été tous les deux disciples du pythagoricien Philolaos avant son retour en Italie, puis ils étaient venus à Athènes écouter Socrate
Ce sont les principaux interlocuteurs de Socrate dans le Phédon
Diogène Laërce donne les titres de 23 dialogues attribués à Simmias, et mentionne trois dialogues de Cébès et un ouvrage intitulé Tableau de Cébès, que nous avons encore
6 Socrate avait trois fils, dont un déjà grand, Lamproclès (cf
Xénophon, Mém
, II, 2) et deux en bas âge, Sophronisque et Ménexène
7 Platon accouple souvent le médecin et le pédotribe ou directeur des exercices gymnastiques, qui est aussi un maître d’hygiène
8 C’est-à-dire l’âme
ment, Dionysodore, lui dis-je, pas de paroles de mauvais augure, et ne me reprends pas si rudement
J'ai des autels, des sacrifices domestiques et paternels, enfin en ce genre rien ne me manque de tout ce que possèdent les autres Athéniens
— Eh bien, répliqua-t-il, les autres Athéniens n'ont-ils pas un Jupiter paternel? — Ce nom n'existe pas chez les Ioniens, lui répondis-je, ni dans les colonies d'Athènes ni à Athènes
Mais nous avons [302d] un Apollon paternel parce qu'il page 425 père d'Ion; Jupiter n'est pas ainsi appelé chez nous, mais il s'appelle domestique et protecteur des tribus, comme Minerve s'appelle aussi protectrice des tribus
— Cela suffit, dit Dionysodore : tu as donc un Apollon, un Jupiter et une Minerve? — Il est vrai
— Ne sont-ce pas tes dieux ? — Ce sont nos aïeux, lui dis-je, et nos maîtres
— Mais ils sont à toi, ne viens-tu pas de l'avouer ? — Oui, lui dis-je, car comment faire ? — Ces dieux ne sont-ils pas [302e] des animaux? car tu as avoué que tout ce qui porte une âme est un animal; et ces dieux ont une âme sans doute? — Ils en ont une
— Ils sont donc des animaux? Oui, des animaux
— Or, tu disais que parmi les animaux, tu peux à ton gré donner ceux qui sont à toi, les vendre, les sacrifier à quelque dieu
— Je le confesse, Euthydème, car il ne m'est plus possible d'échapper
— Viens donc, me dit-il
Puisque tu prétends que Jupiter [303a] et les autres dieux sont à toi, il t'est donc permis de les donner, de les vendre, ou d'en faire tout ce que tu voudras comme des autres animaux ? — Accablé par ce raisonnement, Criton, je me tus
Ctésippe voulut accourir à mon secours : Bon dieu,Hercule! s'écria-t-il, l'admirable logique ! — Aussitôt, Dionysodore: Comment Hercule est-il bon dieu, ou bon dieu est-il Hercule? — O page 426 Neptune, s'écria Ctésippe, quelle formidable science ! Je quitte la partie, ces gens-là sont invincibles
[303b] Là-dessus, mon cher Criton, il n'y eut pas un des assistants qui pût s'empêcher d'admirer ce raisonnement; mais Euthydème et Dionysodore se prirent à rire et à éclater au point qu'on eût cru qu'ils en allaient mourir
A la vérité, les amis d'Euthydème battaient des mains à tout ce qu'ils avaient dit auparavant; mais ici les colonnes du lycée semblaient elles-mêmes transportées de joie et leur applaudir
Pour moi, mon étonnement était tel que [303c] j'avouai n'avoir jamais vu des hommes aussi habiles; et, captivé par leur sagesse, je me sentis porté à leur prodiguer les éloges
Heureux mortels, leur dis-je, quel admirable talent d'achever une affaire si difficile en si peu de temps! dans vos discours, Euthydème et Dionysodore, il y a bien de belles choses; mais ce qui les surpasse toutes, c'est que vous ne vous souciez guère de la plupart des hommes, des hommes sérieux surtout et de ceux qui passent [303d] pour valoir quelque chose ; vous ne considérez que ceux qui vous ressemblent ; car je sais certainement que peu de gens aiment vos discours, et ce sont ceux qui vous ressemblent, tandis que les autres en font si peu de cas, qu'ils auraient, page 427 je suis sûr, plus de honte de réfuter les autres par de tels moyens, que de se voir convaincus et réfutés eux-mêmes
J'y trouve encore cela de poli et de tout-à-fait aimable, que quand vous dites qu'il n'y a rien de beau, ni de bon-, ni de blanc, ou quelque autre chose semblable, et que nulle chose ne diffère d'une autre, alors, il est vrai, et vous vous en glorifiez avec raison, vous fermez la bouche aux autres ; mais en même temps vous ne la fermez pas seulement aux autres, mais aussi à vous-mêmes, ce qui est plein de grâce, et nous adoucit ce qu'il peut y avoir de pénible dans ces discussions
Le plus admirable encore, c'est que vous avez arrangé et imaginé les choses d'une manière si ingénieuse qu'en moins de rien tout homme peut en être instruit; car j'ai remarqué qu'en un instant Ctésippe a su vous imiter
C'est un mérite de votre science, de pouvoir si promptement enseigner ses mystères ; mais il n'est guère convenable de disputer en présence de beaucoup de monde, et si vous me voulez croire, gardez-vous de parler devant une grande assemblée, afin qu'on ne vous dérobe point votre secret sans vous en savoir gré
Ne disputez qu'entre vous seuls, ou, si jamais vous le faites avec un autre, que ce soit pour de l'argent
Même, pour bien faire, vous avertiriez page 428 vos écoliers d'en user de la sorte, et de n'en parler qu'entre eux ou avec vous; car la rareté, Euthydème, met le prix aux choses, et l'eau, comme dit Pindare, se vend à vil prix (29) quoiqu'elle soit ce qu'il y a de plus précieux
Au reste, veuillez nous admettre, Clinias et moi, au nombre de vos disciples
Après ces mots et quelques autres semblables, Criton, nous nous séparâmes
Vois donc si tu veux prendre avec nous des leçons [304c] de ces étrangers
Ils promettent d'apprendre leur art à quiconque veut les payer; ils n'excluent aucun esprit ni aucun âge, et même, ce qu'il est bon que tu saches, ils assurent que rien n'empêche celui qui s'est adonné aux affaires, d'apprendre facilement leur art
CRITON
Véritablement, Socrate, j'aime beaucoup à entendre, et voudrais bien apprendre quelque chose; mais je crains d'être du nombre de ceux qui ne ressemblent pas à Euthydème, et qui, comme [304d] tu l'as dit, auraient moins de honte de se voir réfutés que de réfuter eux-mêmes par de tels moyens
Ce serait folie à moi d'entreprendre de te donner des avis; cependant je veux te ra- page 429 conter ce que j'ai entendu
Comme je me promenais, un de ceux qui venaient de quitter votre assemblée s'approcha de moi; c'est un homme qui prétend être fort habile et du nombre de ceux qui excellent dans les discours judiciaires
O Criton, me dit-il, tu n'as pas entendu ces deux sages? — Non, par Jupiter, lui répondis-je, la foule ne m'a permis d'approcher assez pour entendre
— Ils valent pourtant bien la peine d'être entendus, me répondit-il
— Pourquoi? [304e] répliquai-je
— Tu aurais entendu disputer les hommes les plus habiles maintenant dans ce genre
— Mais que t'en semble ? lui demandai-je
— A moi? répondit-il, il me semble qu'on ne leur entend jamais dire que des bagatelles et qu'ils emploient tout leur esprit en badinages
Ce sont ses propres paroles
— Toutefois, lui dis-je, la philosophie est une belle chose
Oui, une belle chose! [305a] me répondit-il
Elle n'a aucune valeur
Et si tu avais été là tout à l'heure, tu aurais eu honte pour ton ami
Il était assez fou pour vouloir se livrer aux leçons de ces hommes qui se soucient peu de ce qu'ils disent et s'en prennent à chaque mot que le hasard leur offre
Et ceux-ci, comme je l'ai dit, sont en ce genre des plus habiles de notre temps
Mais à te dire la vérité, Criton, la phi- page 430 losophie et ceux qui s'y adonnent sont tout-à-fait frivoles et ridicules
— Malgré cela, je ne trouve pas, Socrate, [305b] que ni lui ni qui que ce soit ait raison de blâmer cette étude ; mais de disputer publiquement avec ces sortes de gens, c'est ce qu'il m'a paru blâmer avec raison
SOCRATE
Ce sont, Criton, des hommes très singuliers, cependant je ne sais pas encore trop qu'en dire
Mais qui est cet homme qui te rencontra et blâma la philosophie? Est-ce un orateur habile à plaider une cause devant les tribunaux, ou un de ceux qui y envoient les autres, un faiseur de harangues dont se servent les orateurs ? [305c] CRITON
Non, par Jupiter, ce n'est point un orateur, et je ne crois pas qu'il ait jamais paru devant un tribunal
Mais on dit qu'il s'y entend parfaitement, et qu'il sait composer d'excellents plaidoyers
SOCRATE
J'entends bien maintenant, et j'allais te parler moi-même de ces gens-là
Ce sont ceux que Prodicus plaçait entre le politique et le philosophe
Non seulement ils croient être les plus sages de tous, mais aussi paraître tels à la plupart des hommes, et que les philosophes seuls em- page 431 pêchent que leur réputation ne soit universelle
Ils s'imaginent qu'ils remporteraient sans contredit la palme de la sagesse s'ils pouvaient décrier les philosophes comme tout-à-fait indignes d'estime; dans leur opinion, ils sont bien les plus sages, mais dans les discussions particulières, [305d] quand ils y sont réduits, ils craignent d'être battus par ceux de l'école d'Euthydème
Ils croient être sages comme il convient; car s'occuper un peu de la philosophie, et un peu de la politique, c'est justement ce qui convient, puisque ainsi ils participent de toutes les deux ai Haut qu'il est besoin, et que, placés hors des dangers et des disputes, ils peuvent goûter tranquillement les fruits de leur sagesse
CRITON
Eh bien, Socrate, que penses-tu de ce qu'ils disent? Il semble pourtant que leur discours a beaucoup d'apparence
SOCRATE
C'est vrai; mais, comme tu dis, plutôt de l'apparence [306a] que de la réalité
Il n'est pas facile de leur persuader que l'homme et tout ce qui se trouve entre deux choses et participe de toutes les deux, s'il est composé de mal et de bien, est pire que l'un et meilleur que l'autre ; que s'il est composé de deux biens qui ne tendent pas au même but, page 432 il est moins bon que chacun des deux pris à part pour la fin qu'ils se proposent; et que s'il est composé de deux maux qui ne tendent pas au même but et s'il se trouve entre les deux, [306b] il sera meilleur que chacun des deux éléments dont il participe
De sorte que si la philosophie est une bonne chose et la politique aussi, et si toutes deux ont des fins différentes, ces gens-là participant de l'une et de l'autre et étant entre les deux, ne disent rien de bon et ne valent ni les philosophes ni les politiques ; que si la philosophie est un bien et la politique un mal, ils sont meilleurs que les uns, mais pires que les autres; il faut que ce soient deux maux, c'est alors seulement qu'ils auront raison
Or je ne crois pas qu'ils avancent [306c] que la philosophie et la politique soient deux maux; ni que l'un soit un mal, et l'autre un bien
Ceux donc qui participent de toutes les deux leur sont inférieurs en ce qui fait la valeur du philosophe et du politique; ils sont de fait les troisièmes, et cependant ils tâchent de se mettre les premiers
Il faut bien avoir de l'indulgence pour leur prétention et ne pas s'en fâcher, mais aussi il ne faut pas les estimer plus qu'ils ne méritent; car il faut être content de tout homme qui s'occupe [306d] de quelque chose de raisonnable et y travaille avec ardeur
page 433 CRITON
Au reste, Socrate, comme je t'ai toujours dit, je suis en peine de l'éducation de mes fils
Le cadet est encore très jeune; mais Critobule est déjà grand et a besoin d'un précepteur qui lui forme l'esprit
Toutes les fois que je m'en entretiens avec toi, je demeure persuadé que c'est folie de songer pour ses enfants à tant de choses, par exemple, [306e] en se mariant, à leur donner une mère d'une grande famille, à les rendre aussi riches que possible, et de négliger leur éducation
Mais quand je regarde ceux qui font profession d'élever la jeunesse, ils m'épouvantent; je ne sais que faire, et, [307a] pour te dire la vérité, je n'en vois pas un seul qui ne me paraisse tout-à-fait incapable
Ainsi je ne vois pas pourquoi je devrais pousser ce jeune homme à l'étude de la philosophie
SOCRATE