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|---|---|---|
Elles renfermaient un grand nombre de
13
riches villages peuplés de périèques , des rivières, des lacs et des
prairies qui fournissaient une pâture abondante à tous les animaux
domestiques et sauvages et des bois nombreux et d’essences variées
amplement suffisants pour toutes les sortes d’ouvrages de l’industrie
| ||
Or cette plaine avait été, grâce à la nature et aux travaux d’un grand
nombre de rois au cours de longues générations, aménagée comme je
vais dire
| ||
Elle avait la forme d’un quadrilatère généralement rectiligne
et oblong ; ce qui lui manquait en régularité avait été corrigé par un
fossé creusé sur son pourtour
| ||
En ce qui regarde la profondeur, la
largeur et la longueur de ce fossé, il est difficile de croire qu’il ait eu les
proportions qu’on lui prête, si l’on considère que c’était un ouvrage fait
de main d’homme, ajouté aux autres travaux
| ||
Il faut cependant répéter
ce que nous avons ouï dire : il avait été creusé à la profondeur d’un
plèthre, sa largeur était partout d’un stade, et, comme sa longueur
embrassait toute la plaine, elle montait à dix mille stades
| ||
Il recevait
les cours d’eau qui descendaient des montagnes, faisait le tour de la
plaine, aboutissait à la ville par ses deux extrémités, d’où on le laissait
s’écouler dans la mer
| ||
De la partie haute de la ville partaient des
tranchées d’environ cent pieds de large, qui coupaient la plaine en
ligne droite et se déchargeaient dans le fossé près de la mer ; de l’une à
l’autre il y avait un intervalle de cent stades
| ||
Elles servaient au flottage
des bois descendus des montagnes vers la ville et au transport par
bateaux des autres productions de chaque saison, grâce à des canaux
qui partaient des tranchées et les faisaient communiquer obliquement
les unes avec les autres et avec la ville
| ||
Notez qu’il y avait tous les ans
deux récoltes, parce que l’hiver on utilisait les pluies de Zeus, et en été,
les eaux qui jaillissent de la terre, qu’on amenait des tranchées
| ||
En ce qui regarde le nombre de soldats que devait fournir la plaine
en cas de guerre, on avait décidé que chaque district fournirait un chef
| ||
La grandeur du district était de dix fois dix stades et il y en avait en
tout six myriades
| ||
Quant aux hommes à tirer des montagnes et du
reste du pays, leur nombre, à ce qu’on m’a dit, était infini ; ils avaient
tous été répartis par localités et par villages entre ces districts sous
l’autorité des chefs
| ||
Or le chef avait ordre de fournir pour la guerre la
sixième partie d’un char de combat, en vue d’en porter l’effectif à dix
mille ; deux chevaux et leurs cavaliers ; en outre un attelage de deux
chevaux, sans char, avec un combattant armé d’un petit bouclier et un
conducteur des deux chevaux porté derrière le combattant, plus deux
hoplites, des archers et des frondeurs au nombre de deux pour chaque
espèce, des fantassins légers lanceurs de pierres et de javelots au
nombre de trois pour chaque espèce, et quatre matelots pour remplir
14
douze cents navires
| ||
C’est ainsi qu’avait été réglée l’organisation
militaire de la ville royale
| ||
Pour les neuf autres provinces, chacune
avait son organisation particulière, dont l’explication demanderait
beaucoup de temps
| ||
Le gouvernement et les charges publiques avaient été réglés à
l’origine de la manière suivante
| ||
Chacun des dix rois dans son district
et dans sa ville avait tout pouvoir sur les hommes et sur la plupart des
lois : il punissait et faisait mettre à mort qui il voulait
| ||
Mais leur
autorité l’un sur l’autre et leurs relations mutuelles étaient réglées sur
les instructions de Poséidon, telles qu’elles leur avaient été transmises
par la loi, et par les inscriptions gravées par les premiers rois sur une
colonne d’orichalque, placée au centre de l’île dans le temple de
Poséidon
| ||
C’est dans ce temple qu’ils s’assemblaient tous les cinq ans
ou tous les six ans alternativement, accordant le même honneur au
pair et à l’impair
| ||
Dans cette assemblée, ils délibéraient sur les affaires
communes, ils s’enquéraient si l’un d’eux enfreignait la loi et le
jugeaient
| ||
Au moment de porter leur jugement, ils se donnaient
d’abord les uns aux autres des gages de leur foi de la manière suivante
| ||
Il y avait dans l’enceinte du temple de Poséidon des taureaux en
liberté
| ||
Les dix rois, laissés seuls, priaient le dieu de leur faire capturer
la victime qui lui serait agréable, après quoi ils se mettaient en chasse
avec des bâtons et des nœuds coulants, sans fer
| ||
Ils amenaient alors à
la colonne le taureau qu’ils avaient pris, l’égorgeaient à son sommet et
faisaient couler le sang sur l’inscription
| ||
Sur la colonne, outre les lois,
un serment était gravé, qui proférait de terribles imprécations contre
ceux qui désobéiraient
| ||
Lors donc qu’ils avaient sacrifié suivant leurs
lois, ils consacraient tout le corps du taureau, puis, remplissant de vin
un cratère, ils y jetaient au nom de chacun d’eux un caillot de sang et
portaient le reste dans le feu, après avoir purifié le pourtour de la
colonne
| ||
Puisant ensuite dans le cratère avec des coupes d’or, ils
faisaient une libation sur le feu en jurant qu’ils jugeraient
conformément aux lois inscrites sur la colonne et puniraient
quiconque les aurait violées antérieurement, qu’à l’avenir ils
n’enfreindraient volontairement aucune des prescriptions écrites et ne
commanderaient et n’obéiraient à un commandement que
conformément aux lois de leur père
| ||
Lorsque chacun d’eux avait pris
cet engagement pour lui-même et sa descendance, il buvait et
consacrait sa coupe dans le temple du dieu ; puis il s’occupait du dîner
et des cérémonies nécessaires
| ||
Quand l’obscurité était venue et que le
feu des sacrifices était refroidi, chacun d’eux revêtait une robe d’un
bleu sombre de toute beauté, puis ils s’asseyaient à terre dans les
cendres du sacrifice où ils avaient prêté serment, et, pendant la nuit,
après avoir éteint tout le feu dans le temple, ils étaient jugés ou
jugeaient, si quelqu’un en accusait un autre d’avoir enfreint quelque
prescription
| ||
Leurs jugements rendus, ils les inscrivaient, au retour de
la lumière, sur une table d’or, et les dédiaient avec leurs robes, comme
un mémorial
| ||
Il y avait en outre beaucoup d’autres lois particulières
relatives aux prérogatives de chacun des rois, dont les plus
importantes étaient de ne jamais porter les armes les uns contre les
autres, de se réunir pour se prêter main-forte, dans le cas où l’un d’eux
entreprendrait de détruire l’une des races royales dans son État, de
délibérer en commun, comme leurs prédécesseurs, sur les décisions à
prendre touchant la guerre et les autres affaires, mais en laissant
l’hégémonie à la race d’Atlas
| ||
Le roi n’était pas maître de condamner à
mort aucun de ceux de sa race, sans l’assentiment de plus de la moitié
des dix rois
| ||
Telle était la formidable puissance qui existait alors en cette
contrée, et que le dieu assembla et tourna contre notre pays, pour la
raison que voici
| ||
Pendant de nombreuses générations, tant que la
nature du dieu se fit sentir suffisamment en eux, ils obéirent aux lois et
restèrent attachés au principe divin auquel ils étaient apparentés
| ||
Ils
n’avaient que des pensées vraies et grandes en tout point, et ils se
comportaient avec douceur et sagesse en face de tous les hasards de la
vie et à l’égard les uns des autres
| ||
Aussi, n’ayant d’attention qu’à la
vertu, faisaient-ils peu de cas de leurs biens et supportaient-ils
aisément le fardeau qu’était pour eux la masse de leur or et de leurs
autres possessions
| ||
Ils n’étaient pas enivrés par les plaisirs de la
richesse et, toujours maîtres d’eux-mêmes, ils ne s’écartaient pas de
leur devoir
| ||
Tempérants comme ils étaient, ils voyaient nettement que
tous ces biens aussi s’accroissaient par l’affection mutuelle unie à la
vertu, et que, si on s’y attache et les honore, ils périssent eux-mêmes et
la vertu avec eux
| ||
Tant qu’ils raisonnèrent ainsi et gardèrent leur
nature divine, ils virent croître tous les biens dont j’ai parlé
| ||
Mais
quand la portion divine qui était en eux s’altéra par son fréquent
mélange avec un élément mortel considérable et que le caractère
humain prédomina, incapables dès lors de supporter la prospérité, ils
se conduisirent indécemment, et à ceux qui savent voir, ils apparurent
laids, parce qu’ils perdaient les plus beaux de leurs biens les plus
précieux, tandis que ceux qui ne savent pas discerner ce qu’est la vraie
vie heureuse les trouvaient justement alors parfaitement beaux et
heureux, tout infectés qu’ils étaient d’injustes convoitises et de
l’orgueil de dominer
| ||
Alors le dieu des dieux, Zeus, qui règne suivant
les lois et qui peut discerner ces sortes de choses, s’apercevant du
malheureux état d’une race qui avait été vertueuse, résolut de les
châtier pour les rendre plus modérés et plus sages
| ||
À cet effet, il réunit
tous les dieux dans leur demeure, la plus précieuse, celle qui, située au
centre de tout l’univers, voit tout ce qui participe à la génération, et, les
ayant rassemblés, il leur dit :
| ||
[Le manuscrit de Platon finit sur ces mots
| ||
Cf
| ||
p
| ||
544]
À propos de cette édition
électronique
1
| ||
Élaboration de ce livre
électronique :
Edition, corrections, conversion numérique et publication par le
site : PhiloSophie
Responsable de publication : Pierre Hidalgo
2
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| ||
Notes
[←1]
Ce dieu, c’est l’Univers ou Ciel
| ||
[←2]
Socrate assimile ses interlocuteurs à des auteurs dramatiques qui se disputent le
prix aux Dionysies
| ||
[←3]
Cette affirmation de Platon est en contradiction avec ce qu’il a dit dans le Ménexène,
237 c-d, de la dispute de Poséidon et d’Athèna à propos de l’Attique
| ||
[←4]
Le Cithéron est une montagne située au nord-ouest de l’Attique et le Parnès au
nord-est
| ||
[←5]
L’Oropie est au nord du Parnès, avec Oropos pour capitale, et l’Asopos est un fleuve
de Béotie
| ||
[←6]
Phelleus désignait une contrée pierreuse de l’Attique
| ||
[←7]
L’Éridan descendait du mont Hymette et se jetait dans l’Ilisos
| ||
Le Pnyx était une
colline située à l’ouest de l’Acropole et le Lycabette une haute colline au nord-est de la
ville
| ||
[←8]
Cf
| ||
République, 416 d sqq et Lois, 801 b
| ||
[←9]
Gadire, c’est Cadix, et le pays gadirique est celui des Gaditains
| ||
[←10]
Qu’est-ce que ce métal qui a disparu ? Il est impossible de le deviner, puisque
Platon dit que ce n’est plus qu’un nom
| ||
[←11]
Il est difficile de spécifier de quels fruits Platon a voulu parler
| ||
M
| ||
Rivaud note qu’il
s’agit peut-être de l’olive, de la grenade et du citron
| ||
[←12]
Selon la tradition ordinaire, elles étaient au nombre de cinquante
| ||
[←13]
Platon assimile les habitants de ces villages aux périèques, habitants libres d’une
ville laconienne autre que Sparte
| ||
[←14]
C’est juste le nombre des trières que Xerxès avait équipées contre la Grèce
| ||
Platon
Criton
[ou Du Devoir ; genre éthique]
Traduction, notices et notes par Émile Chambry
PhiloSophie
© juin 2018
Notice sur la vie de Platon
Platon naquit à Athènes en l’an 428-427 av
| ||
J
| ||
-C
| ||
dans le dème de
Collytos
| ||
D’après Diogène Laërce, son père Ariston descendait de Codros
| ||
Sa
mère Périctionè, sœur de Charmide et cousine germaine de Critias, le tyran,
descendait de Dropidès, que Diogène Laërce donne comme un frère de Solon
| ||
Platon avait deux frères aînés, Adimante et Glaucon, et une sœur, Potonè, qui
fut la mère de Speusippe
| ||
Son père Ariston dut mourir de bonne heure ; car sa
mère se remaria avec son oncle Pyrilampe, dont elle eut un fils, Antiphon
| ||
Quand Platon mourut, il ne restait plus de la famille qu’un enfant, Adimante,
qui était sans doute le petit-fils de son frère
| ||
Platon l’institua son héritier, et
nous le retrouvons membre de l’Académie sous Xénocrate ; la famille de
Platon s’éteignit probablement avec lui ; car on n’en entend plus parler
| ||
La coutume voulait qu’un enfant portât le nom de son grand-père, et
Platon aurait dû s’appeler comme lui Aristoclès
| ||
Pourquoi lui donna-t-on le
nom de Platon, d’ailleurs commun à cette époque ? Diogène Laërce rapporte
qu’il lui fut donné par son maître de gymnastique à cause de sa taille ; mais
d’autres l’expliquent par d’autres raisons
| ||
La famille possédait un domaine
près de Képhisia, sur le Céphise, où l’enfant apprit sans doute à aimer le
calme des champs, mais il dut passer la plus grande partie de son enfance à la
ville pour les besoins de son éducation
| ||
Elle fut très soignée, comme il
convenait à un enfant de haute naissance
| ||
Il apprit d’abord à honorer les
dieux et à observer les rites de la religion, comme on le faisait dans toute
bonne maison d’Athènes, mais sans mysticisme, ni superstition d’aucune
sorte
| ||
Il gardera toute sa vie ce respect de la religion et l’imposera dans ses
Lois
| ||
Outre la gymnastique et la musique, qui faisaient le fond de l’éducation
athénienne, on prétend qu’il étudia aussi le dessin et la peinture
| ||
Il fut initié à
la philosophie par un disciple d’Héraclite, Cratyle, dont il a donné le nom à
un de ses traités
| ||
Il avait de grandes dispositions pour la poésie
|
Subsets and Splits
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